Le Grand souffle

Co-auteur : Rahila Hassane

Un jour, un homme du bord de mer m'a dit : "La mer, par sa masse vivante, se donne en spectacle permanent. Si tu la délaisses, la négliges, elle t'énerve. Ce qu'elle te donne, il faut le lui rendre."
Cette phrase ne cesse de me faire réfléchir sur notre rapport au monde et à la nature, au temps et à notre position dans l'univers. Elle interroge chez moi la manière que nous avons d'être connecté avec les éléments finis et infinis.
Elle est sous-jacente de tous les entretiens réalisés auprès des habitants que j'ai rencontrés, pendant lesquels chacun m'a livré librement un peu de sa vérité, un peu de son rapport intime et concret à la mer.
Cette promenade documentaire devient une errance poétique et philosophique sur le sens de l'existence, la mémoire et la joie de vivre.

Virgile Abela navigue depuis plusieurs années entre bruit et mélodie, de l'acoustique à l'électrique, de l'écrit à l'improvisé. A travers divers projets en musique, cinéma, spectacle vivant, radio et art contemporain, son travail tend à mettre sur le même plan matière sonore et composition musicale. Son univers est protéiforme, nourri d'expériences artistiques vécues et d'univers traversés au cours de voyages fondateurs (principalement les pays de l'est dans les années 90, mais pas que), mais aussi de rencontres humaines et de travail. Ces univers et ces rencontres se mêlent étroitement à certaines inspirations d'ordre littéraires (Burroughs, Collum Mac Cann), cinématographiques (Tarkovski, Lynch) et musicales (John Zorn, Olivier Messiaen, God SpeedYou! Black Emperor) et c'est pour cela aussi que son travail traverse autant de pratiques où le «sonore» est présent. Son intérêt pour la musique dépasse alors le strict champ musical et stylistique, ce qui l'intéresse, c'est cette étrange capacité à faire dialoguer le réel avec sa propre abstraction, dans un présent toujours en mouvement, à la recherche de crudeur et de beauté.